Ugo l'asticot a écrit :jo le cowboy a écrit :non mais efficacité de nage c'est une formule, plus le résultat est faible plus tu es plus efficace c'est tout
oui
sauf que là c'est moi qui ai craqué mon slip [panique à Denver], et je vais me prendre une branlée. J'ai mérité alors faites-vous plaisir... Si Gevrey-Chambertin passe par là je vais souffrir...

Bon ça change pas grand chose, mais la définition que je donne c'est le coût énergétique... comme la conso d'une voiture (L/100).
L'efficacité (brute) c'est le ratio énergie utile au déplacement (travail) sur énergie totale dépensée. Comme c'est pratiquement impossible à mesurer en natation on mesure la puissance mécanique fournie pour une conso énergétique donnée, et on trouve un exemple de protocole là =
http://www.ifkb.nl/B4/mechanicaleff.html
Alors là excuses-moi, mais tu donnes exactement la définition de l'efficacité que j'avais donné, celle qui est utilisée par Huub Toussaint. Et non pas ta définition fantaisiste, qui comme tu l'indiques est plutôt un "coût énergétique".
Donc en gros, tu as voulu me corriger en sortant une ânerie (en confondant efficacité et coût énergétique), et finalement tu admets ma définition (celle de Huub, en fait) de l'efficacité de nage. Voilà pour la branlée méritée.
Ensuite, pour répondre à jo le cowboy, son intervention est pleine de bon gros sens populaire, mais elle ne fait pas vraiment avancer le schmilblick.
Sa recommandation, c'est en gros "on s'en fout des élites, soyons polyvalent". OK, mais moi maintenant, qu'est-ce que je fais, comment j'améliore mon geste?
Ma position est qu'on a beaucoup à apprendre des élites.
Non pas parce qu'on va nager demain le 100m en 48". Moi, ce qui m'impressionne vraiment, c'est de voir ces gars qui enchaînent sur 1 ou 2 bornes les longueurs en 1'05-1'10" au 100m, à l'échauffement, sans effort apparent.
Mon rêve, c'est d'arriver à nager comme ça.
Ensuite, si j'observe les élites, ce n'est pas pour les imiter.
L'homme a réussi à voler le jour où il a arrêté d'essayer de comprendre COMMENT les oiseaux volaient pour les imiter (en battant des ailes), mais POURQUOI ils volaient (grâce à l'épaisseur de l'aile, l'intrados et l'extrados).
En natation, c'est pareil. Il faut comprendre POURQUOI les élites vont si vite, et ensuite appliquer les leçons apprises à nos caractéristiques propres, et les mettre en oeuvre avec nos pauvres moyens.
Ce qui m'a frappé de l'observation des élites, c'est qu'elle nous apprend des choses très différentes de ce que l'on enseigne traditionnellement en France au bord des bassins, la nage académique dont Thorounet et mayazou sont par exemple ici les dignes thuriféraires.
Ce que j'ai appris en observant les élites, et que les entraîneurs m'ont jamais dit:
- la vitesse, c'est (fréquence de cycle de bras) x (distance par cycle). On peut donc aller vite soit en augmentant sa fréquence, soit en augmentant sa DPC, et les 2 sont tout à fait jouables (cf. Thorpe pour la DPC, Evans ou Swallow pour la fréquence). Donc, ça ne sert à rien de se focaliser sur la réduction du nombre de coups de bras (comme font beaucoup de Beesan) si ça fait diminuer la fréquence en proportion. On peut aussi explorer des stratégies d'augmentation de la fréquence - comme pratiqué par J. Swallow (merci Solarberg pour la vidéo, impressionnante!).
- la respiration à 2 temps n'est aucunement un obstacle pour aller vite, et même très vite (cf. Leveaux, Phelps...). En fait, elle favorise le roulis, que l'on retrouve de manière très prononcée chez un grand nombre d'élites. Certains coaches préconisent de "nager plat", mais c'est probablement contre-productif. Donc: le mieux est de respirer comme on le sent. De toute façon, l'avantage de nager en 3T serait si mince (s'il existe) qu'en aucun cas il ne faut se forcer à respirer à 3, 4, ou 5 temps si ça entraîne une gêne respiratoire, une sensation de manque d'oxygène.
- si on respire à 2 temps, il est tout à a fait possible et peut-être même souhaitable d'être asymétrique dans le timing de nage (long sur un bras, court sur l'autre, cf. Lezak, VDH...). Ne pas chercher à corriger ce soit-disant "défaut" que tous les maîtres-nageurs veulent corriger. Et combiner ça avec l'irrégularité du battement - naturelle chez la plupart - pour éviter de ralentir pendant la phase de "glisse"
- etc...
Par ailleurs, les recherches de Huub sur l'efficacité énergétique sont très instructives.
J'ai eu de longues discussions avec lui sur le sujet, et je passe les détails mathématiques, mais pour résumer:
Pour qu'un nageur de masse M avance avec une vitesse V, il est physiquement nécessaire qu'il propulse une masse m d'eau vers l'arrière avec une vitesse v, et on a la relation: MV + mv = 0 (loi de conservation de la quantité de mouvement).
Autrement dit, on est bien d'accord qu'il faut avoir la SENSATION d'ancrer sa main dans l'eau, mais en réalité, il est inévitable et indispensable de propulser de l'eau vers l'arrière si on veut avancer!
Ensuite, pour propulser une masse m d'eau vers l'arrière avec une vitesse v de façon à garder nul mv + MV, il y a 2 façons de procéder:
- propulser beaucoup d'eau à une faible vitesse
- propulser pas beaucoup d'eau à une grande vitesse
Le choix entre ces 2 stratégies doit être guidé par la recherche de l'efficacité énergétique (au sens de Huub).
En effet, l'énergie "perdue" transférée à l'eau est de la forme mv². Elle est proportionnelle à la masse et au carré de la vitesse de l'eau propulsée vers l'arrière.
La conséquence mathématique en est que pour garder mv constant tout en minimisant la dépense énergétique, il faut avoir m aussi grand que possible et v aussi petit que possible.
Autrement dit, attraper le plus d'eau possible, et ne pas "déraper" dans la poussée. C'est bien la sensation d'ancrage de la main dans l'eau qu'il faut rechercher (ou de grimper les barreaux d'une échelle, pour prendre une autre analogie). Ne pas bouger l'eau trop vite, mais en attrapper beaucoup.
L'observation des nageurs d'élite confirme le résultat théorique. Même des nageurs à haute fréquance (type Jodie Swallow) ont une prise d'appui exceptionnelle: coude haut, orientation de la paume de main... qui favorise la maximisation de la masse d'eau déplacée. Tous nos efforts techniques doivent aller dans ce sens.
Voilà ce que l'observation des athlètes de haut niveau m'a apporté - et je peut te dire que ça m'aide tous les jours, à mon modeste niveau (même si en général je termine premier en nat dans ma catégorie - mais bon, c'est en V2!), dans mon sport qui est le triathlon.
J'ai bien conscience que ce discours va encore apparaître sufisant et pédant pour pas mal de forumeurs, mais je sais aussi qu'il y en a qui seront intéressés, donc je poste sans vergogne!