On a un gouvernement qui agit sur l'insécurité et non sur l'économie enfin bref...
Malaise autour de la garde à vue, "calomnie" selon les policiers
Après le ministre de l'Education Luc Chatel, plaidant pour une limitation de ce pouvoir policier, la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie a confirmé au Sénat sa volonté d'une réforme, tandis que des personnalités de gauche et les défenseurs des droits de l'homme demandent davantage.
Furieux des attaques dont ils estiment être l'objet, les policiers affirment qu'ils ne font qu'appliquer les textes actuels et refusent d'endosser la responsabilité de la hausse impressionnante des gardes à vue en France.
Le Syndicat national des officiers de police (SNOP, majoritaire) menace ainsi d'appeler les fonctionnaires à demander le retrait de leur habilitation judiciaire, mesure susceptible de paralyser le fonctionnement de la justice.
Dans un communiqué, le SNOP dénonce la "classe politique" et les "lobbies pour la plupart instrumentalisés par des avocats" qui s'acharnent, selon lui, sur les policiers et gendarmes.
Patrice Ribeiro, du syndicat Synergie, proche de l'UMP, ne croit pas à l'efficacité d'un tel retrait mais appelle le gouvernement et les politiques à sortir de l'ambiguïté.
"On veut un message de soutien des plus hautes autorités de l'Etat, très ambiguës jusqu'à présent, et des règles claires", a-t-il dit à Reuters.
Selon lui, la remise en cause des gardes à vue provoque une "insécurité juridique" pour les policiers, qui pourraient "lever le pied" au détriment des victimes. Patrice Ribeiro dénonce également le silence des magistrats.
"OBLIGATION DE RÉSULTATS CHIFFRÉS"
Les défenseurs des droits de l'homme appellent au contraire le gouvernement à se saisir réellement du problème.
"Je pense que nous perdons la tête", a déclaré sur Europe 1 Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l'homme.
Il juge illicite le placement en garde à vue et en cellule toute une journée, le 3 février à Paris, d'une jeune fille de 14 ans, emmenée en survêtement au commissariat et menottée, selon sa version, pendant son transfert à une visite médicale.
Deux autres "suspects" adolescents d'une bagarre à la sortie d'un collège du XIXe arrondissement ont été arrêtés dans l'établissement et disent aussi avoir été menottés.
"On n'a pas à mettre en garde à vue des gens pour des affaires aussi bénignes que celles-là", a dit Jean-Pierre Dubois.
Il juge inutile la proposition répétée par la ministre de la Justice au Sénat dans la nuit de mardi à mercredi, qui propose de créer une nouvelle procédure d'audition de quatre heures hors garde à vue pour les faits mineurs.
La police, a rappelé Jean-Pierre Dubois, n'est jamais obligée de placer une personne en garde à vue, et a toujours la possibilité d'interroger quelqu'un sans contrainte, notamment lorsque les "suspects" sont des enfants.
Les policiers rétorquent que la garde à vue est "le seul espace de droit actuel", protégeant aussi bien les gardés à vue que les fonctionnaires.
La garde à vue permet aux policiers de garder toute personne pendant une durée de 48 heures pour des affaires de droit commun. Le chiffre officiel est de 577.816 gardes à vue en 2008, une augmentation de 35% par rapport à 2003.
Il faut cependant y ajouter les gardes à vue pour infractions routières, toujours comptées à part, et le chiffre global annuel serait donc autour de 800.000.
La préfecture de police et la direction de la police parisienne ont répliqué mardi en expliquant que la procédure avait respecté les droits de la jeune fille de 14 ans.
"Les policiers mis en cause sont très amers, les faits ont été complètement déformés", a dit Patrice Ribeiro.
Les avocats français tentent depuis plusieurs mois d'obtenir un accès plus grand aux interrogatoires et à la procédure de garde à vue en sollicitant des annulations des tribunaux.
Ils s'appuient sur des arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme visant la Turquie, mais le ministère conteste que ces arrêts remettent en cause le droit français.
