L'idée qui consiste à croire que le triathlon a besoin de Jaja ou d'un autre "people" pour sortir de son relatif anonymat médiatique est une supercherie. Mes doutes sur le coup - d'épée - médiatique que susciterait la présence de Jaja à Hawaï semblent se vérifier, pour autant je ne m'en réjouis pas.
Il me semble d'une part "leger" de penser qu'une discipline sportive, un individu ou un fait ne peut qu'exister que si et seulement s'il passe à la télé. C'est en tout cas le message communément vendu par les publicitaires, spécialistes en marketing & communication, par les journalistes eux-mêmes parfois. C'est l'individu ramené et broyé dans le "tout à l'égo" de notre société du spectacle. Qui existe l'espace d'un reportage et qui retombe dans l'oubli aussitôt.
Nous consommons de l'information plus que nous pouvons en absorber et en comprendre la pertinence. La technologie a grandement amélioré et optimisé notre capacité à avaler de l'image, de l'émotion et du plaisir (vu que c'est ainsi qu'elle est vendue

). Regardez donc les bandes annonces sensées nous vendre un match de rugby ou un huitième de finale de coupe de la Ligue... Les images sont accélérées, agrémentées de bruitages, d'effets visuels et de prosélytisme de bon aloi, sponsorisés par Point P... Pour la F1, la bande annonce se doit d'être violente avec son lot d'accrochages, de sorties de route, sponsorisés par Feu vert bien sûr.
L'exemple de l'Arche de Zoé est en cela assez intéressant sur les attentes et la lecture médiatiques que nous avons d'une situation, ou comment l'émotion et la bonne foi (récupérer d'une mort certaine des petits enfants tchadiens, c'est beau, c'est fort, ça fait pleurer dans les chaumières) sont capables d'absoudre sinon de comprendre des individus et des actes totalement irresponsables. Mais la réalité, elle, est tout autre. Tout comme les médias continuent à nous faire croire que le Darfour connaît un inéluctable génocide sans que la communauté internationale ne daigne lever le petit doigt, sinon l'acteur George Clooney.

Oui, GC au Soudan, ça fait de belles images, fortes, chargées en émotion, naïves aussi. Parce que c'est vite oublier que la région du Darfour compte plus de 13 000 humanitaires, ONG, missionnaires et militaires qui oeuvrent au quotidien pour que la réalité soit la moins insupportable possible aux réfugiés.
Il en est du Darfour comme de la crise des banlieues de 2005, de la mort de Michel Serrault ou de Jacques Martin, comme du traitement de l'information en général.
L'info n'est plus que très rarement crédible, éthique et distanciée. L'émotion et l'image à destination du grand public ont permit aux chaines de télévision de s'enfoncer dans les dérives de l'info spectacle et de la peoplisation. Parait-il parce que le public en demande.
Cet argument est pernicieux parce qu'en matière d'attente, l'offre est toujours en retard sur la demande et, par définiton, sans limite, sinon celles que se fixent les chaînes de télévision... Je me souviens d'un interview du patron d'Endemol qui soulignait que s'il proposait un jeu de télé-réalité dans un avion avec dix mecs et neuf parachutes... il y aurait des milliers de candidats (Ironchris peut-être

) et des millions de téléspectateurs.
Le cas "Jaja" que le petit monde du triathlon a pris en plein face s'inscrit dans cette logique émotionnelle et médiatique, uniquement. Et en HD, c'est encore mieux !
Je partage l'avis que le triathlon et les triathlètes ne gagneront rien - du moins par grand-chose - sur cette exposition éphémère, sinon les travers et les dérives liés à "l'obligation médiatique", un Graal que tout responsable de fédération sportive espère soulever de ses mains.