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Safaga Red Sea Marathon

Publié : 12 mai 2008, 09:14
par Silver0l
Parti en février pour la Mer Rouge, à Safaga, Egypte. Une vieille envie enfin assouvie, nostalgies inavouée des récits d'Henry de Monfreid qui avaient émerveillé mon enfance? Ou plus prosaïquement, une semaine en famille, avec planche, kite-surf et snorkeling au programme.

Spot perdu sur les bords de la Mer Rouge. Quelques grands hôtels, colonisés par les Russes et quelques Allemands, les dunes, crades, battues par le vent, le désert...

Je m'étais dit avant de partir que j'en profiterai pour nager, mais vu la température de l'eau (19-20° à cette époque!), et sans combi de natation, j'avais vite laissé tombé l'idée.

En bon triathlète, j'avais quand même pris une paire de running, mais pris par la mer, la planche et le kite, elles étaient restées au fond de la valise. Jusqu'au matin où que je vois à l'hôtel cette affiche: dans 3 jours aurait lieu la grande course à pied annuelle de la région: le Safaga Red Sea Marathon!

Renseignement pris, il s'avère que le marathon fait 5 km. Une bonne longueur de marathon pour mes hanches arthritiques - je décide de m'inscrire. A la réception de l'hôtel, on me dirige sur un employé qui veut aussi faire la course. Etudiant en lettres germaniques, venu du Caire pour perfectionner son allemand auprès des touristes - le visa pour l'Europe, un rêve inaccessible - nous nous débrouillons en allemand pour nous comprendre, et nous décidons de nous retrouver 1h avant la course.

Le jour J, rendez-vous devant l'hôtel, et on part en petite foulée vers le lieu du départ, à environ 1km. 20 degrés, grand soleil, vent à pas sortir un vélo (comme tous les jours).

Arrivé sur place: spectacle! Des centaines d'Egyptiens, rangés par groupe: les pompiers, les clubs de foot, les militaires, les femmes - en jean sous la djellaba! -, les écoles rangées par classe, chaque grand hôtel qui sponsorise son équipe d'employés, les gamins en tongs, la fanfare, la télé... Et tous les porteurs de pancartes et de banderoles à la gloire du Président Moubarak et de Safaga, perle de la Mer Rouge.

On va voir un gars qui gueule plus que les autres - c'est l'organisateur. On lui dit qu'on veut s'inscrire, il nous file une feuille, avec un numéro. On doit écrire dessus nom et âge, puis pliée en 2 et glissé dans le short avec une moitié de la feuille qui dépasse: c'est le dossard et le bulletin d'inscription, qu'il faudra remettre à l'arrivée. Rien à payer - la course est gratuite.

Je pense alors au bazar que c'est devenu de faire une course en France, avec les certificats médicaux, les licences FFA obligatoires, les problèmes d'assurance, les frais d'inscription qui montent en flèche et toutes les prises de tête... Retrouver la simplicité d'antan: se retrouver entre amateurs sur une ligne de départ, et le premier arrivé a gagné!

Après le discours interminable du politicien local, un coup de feu, et c'est parti. Tout le monde me double! Ils sont tous à fond! C'est pas pour rien qu'on est en Afrique de l'Est, berceau des plus grands coureurs du monde!

Mais surprise, au bout de 500m, le mouvement s'inverse. Déjà il y en a qui marchent! A partir de ce moment, je ne ferai plus que remonter. D'abord les femmes en tchador, puis les gamins en jeans, puis les employés de hôtels, puis les clubs de foot, et à la fin, enfin, les coureurs, reconnaissables à leurs shorts et leurs vraies chaussures de running. Au début je passe des pelotons entiers, puis les dépassements se raréfient. Je cours un ou deux kilomètre avec un coureur que je finis par lâcher, et à la fin, dans la longue ligne droite qui traverse le désert, là où sont postées les caméras de la télévision (oui, la télévision est là!), je ne vois plus que trois petits points, loin, très loin devant. Il ne doit rester plus que 2-2,5 km et je décide de donner tout. Dans les 200 derniers mètres, j'arriverai à passer le 3ème, mais les 2 premiers étaient vraiment trop loin.

Au total, 18’45". Un temps de m... mais mon premier podium en CAP! Et premier des plus de 34 ans! Le tout est de savoir trouver une course à son niveau... ;-) Le parcours n'était pas forcément étalonné au mètre près, mais ça me semble en phase avec mes 38' au 10 km FFA réalisés 2 mois avant - surtout qu'une élongation m'avait empêché de courir depuis.

Après la course, la cérémonie de remise des récompenses. Quand je vois le nombre et la taille des trophées, je me dis que je n'aurai pas assez de place dans mes bagages, mais en fait lors de l'interminable séance, ce sont les sponsors, les hôtels de la région et les agences de voyages qui sont récompensés! Pas de souci pour les bagages: comme tous les 10 premiers, j'aurai droit à la médaille et à un superbe diplôme de finisher, en arabe et en anglais truffé de fautes.

Je retrouve mon pote de l'hôtel, tout admiratif de ma 3ème place - je serai le héros de l'hôtel le lendemain! Et il nous invite, ma famille et moi, à venir boire le thé le soir avec ses potes. Loin, très loin des hôtels de la côte, c'est un Safaga très différent que nous découvriront ce soir...

Re: Safaga Red Sea Marathon

Publié : 12 mai 2008, 10:16
par Joel
Ca c'est cool :-)