Je vais essayer d'apporter ma contribution et j'espère humblement que ce sera pertinent et pourra peut-être (?) aider certains débutants qui triment en crawl. C'est un peu long mais j'ai essayé de regrouper autant d'éléments que possible pour expliquer ce que j'ai compris de la natation jusqu'ici, si cela peut apporter de l'eau aux moulins de frères triathlètes eh bien tant mieux car je ne suis vraiment pas un spécialiste !
Car j'ai eu le même casse-tête longtemps soit depuis 2 ans que j'ai débuté le tri (et le crawl !) à...32 ans. Or cet été j'ai fait des progrès significatifs en m'entraînant SEUL et en mettant de côté l'essentiel de ce qu'on m'avait dit sur le crawl. Non pas que conceptuellement ce qu'on m'avait enseigné ou conseillé soit erroné, AU CONTRAIRE.
Mais avant de pouvoir l'appliquer, il faut que cela se transforme d'abord en SENSATION. Parce que quand on se concentre trop sur l'aspect extérieur on zappe ses sensations. le problème c'est que les bons nageurs ont souvent appris ces sensations depuis l'enfance et que pour eux cela va de soi. Cela leur semble naturel. J'ai beaucoup observé les bons nageurs et remarqué l'impression d'aisance et de glisse qu'ils laissent...et les moins bons qui ont l'air de se battre contre l'eau.
Je suis donc parti du principe que je devais me concentrer EXCLUSIVEMENT sur mes sensations et oublier toute forme de programme ou de règle technique.
Je ne suis pas vraiment devenu un nageur rapide...mais je nage plus vite qu'avant !!! et surtout avec beaucoup plus d'endurance et plus d'aisance respiratoire ! Je me fatigue énormément moins et c'est très profitable pour le vélo et la CAP.
Mais le premier bénéfice et pour moi il est énorme, c'est que j'ai ENFIN découvert le PLAISIR de nager.
Le plaisir est venu avec le relachement

.
Le plaisir est venu avec l'acceptation (comme quelque chose sans aucune importance) de mon ignorance et de l'imperfection de ma technique et l'oubli de mon faible niveau (quand on refuse d'être mauvais on s'acharne et on s'aveugle = humilité

) .
Le plaisir est venu avec la liberté de ressentir et d'essayer des styles à ma convenance sans le regard de personne (bras comme ci, comme ça, battement plus lent ? plus rapide ? plus resserré ? Est-ce que ça me plait comme ça ? Est-ce que je suis confortable comme ça ? Est-ce que c'est fatiguant ? Tiens et si j'essayais comme ça ?)
Le plaisir est venu avec la perte de volonté de vitesse.
Il est aussi venu avec la patience d'apprendre à me connaître en mouvement dans l'eau et de bien ressentir le couple corps en mouvement-eau (zut ça va faire professoral !). Ca c'est très important, parce que de ça viennent les fameuses sensations d'appuis et de glisse dont nous ressassent ceux qui ont déjà assimilés ces sensations primordiales. Or la meilleure façon d'observer, de ressentir ces sensations de son propre corps en mouvement dans l'eau c'est d'aller aussi LENTEMENT que possible. D'ou cette notion de patience.
En même temps que je testais (en terme de sensation j'insiste là-dessus) tel ou tel trajet aérien ou sous-marin des bras, tel façon de battre des jambes ou de placer ma tête je n'hésitais pas à me regarder au sens propre du terme, donc à pencher la tête dans l'eau ou à regarder vers l'arrière pour voir mes battements, observer le comportement des chevilles, des genoux, de la paume des mains, pliage de coude, remous de l'eau à la surface des jambes etc...pour avoir un regard externe en plus du "regard" interne qui est à mon sens le plus primordial (ce "regard interne" c'est ça la sensation).
Autre chose il existe pleins de repères sensoriels dont personne ne m'avait parlé avant ! Ce sont des sensations périphériques en rapport avec l'eau.
Le bruit de l'eau, la sensation de l'eau ou de l'air sur la peau et l'aternance de ses sensations, etc...en ce concentrant sur ça aussi cela aide à cesser de se battre avec l'eau pour plus encore que l'accepter, pour l'AIMER.
Aussi je pense que la seule façon de faire ce travail de découverte est de le faire librement et détendu c'est de le faire seul parce le regard des autres nous mets la pression, nous bloque, nous décentre (nous les "mauvais" nageurs !). A force de se comparer aux autres, on peut se dégouter. Quand on ne se compare qu'à soi-même et SURTOUT quand on compare ses propres sensations et leurs différences en fonction de ce qu'on essaye sur soi-même quand on nage, on s'approprie SA nage et on l'invente un peu. Au final, les sensations nous mènent tout droit vers un style qui COMME PAR HASARD ressemble fortement (ou au moins de plus en plus !) à la technique idéale qu'on nous a tant décrite...
Enfin, je peux dire aussi que :
_ le travail en hypoxie (et donc en hypercapnie c'est-à-dire la tolérance au gaz carbonique dans le sang) c'est génial tant les progrès sont rapides et surtout moins on a besoin de respirer plus on se détend et plus on peut consacrer de l'attention aux sensations musculaires plutôt qu'au besoin de respirer.
_ partant du principe que j'étais trop tendu au niveau des bras et que je perdais un max d'énergie, j'ai imaginé que je pouvais nager avec un effort "zéro". J'ai cherché une sensation proche de pédaler dans la semoule, ou comme si j'étais amorphe et que mes bras étaient en chewing-gum, et dès que je sentais que je me remettais à chercher en force, je me corrigeais en "ramollissant" encore mes bras. Résultat fini la fatigue et le lactique dans les bras, fini la sensation d'essouflement et le besoin de m'arrêter. Sans compter que miracle...j'allais aussi vite ! Autre miracle, apparition de mes premières sensations de glisse !!! (eh oui un corps tendu ne peut pas capter ces sensations la).
_ la souplesse : j'ai fait énormément d'exercices d'assouplissement QUOTIDIENS des bras, du dos, des jambes, partout ! Puisque le relachement est la clé, la raideur est l'ennemie !
Très important : la souplesse des chevilles, parce que des chevilles raides vous font des pieds en équerre comme deux gros freins plantés dans l'eau !!! C'est assez énorme la vitesse et l'enérgie perdue !!! En assouplissant mes chevilles j'ai pu mettre mes pieds plus dans le prolongement de mes jambes tout en ayant plus de flexibilité et en ayant l'impression que ceux ci agissaient (enfin) comme des petites palmes.
On dit souvent que les filles nagent bien parce qu'elles sont plus hydrodynamiques voir parce que leur taux de masse grasse est plus élevé (ça c'est perfide comme argument !!!

) et c'est en partie vrai mais je pense surtout qu'elles sont plus souples et cherchent moins en force !!! C'est ça la vraie explication.
Voila, on entend toujours parler de technique et oui, c'est important la technique. Mais pas de technique sans sensations, pas de sensations sans relachement, pas de relachement sans souplesse. La natation, c'est très subtil sur le fond, quoique très brutal sur la forme, surtout au départ d'un tri !!!
